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Mais il fallait fuir.

À l’aube elle aperçut l’horizon désertique et clos de dunes. Nul pas sur le sable que foulaient les bêtes aux enjambées majestueuses. Partout le silence et le vide. Ioanna crut que Dieu, le Dieu de Fulda, reparaissait devant elle pour annoncer un atroce supplice.

Le jour grandit et devint aveuglant. Le soleil montait lentement à gauche des deux fuyards. Ioanna, dans une sorte d’hypnose, souffrait de la soif et se sentait secouée par des nausées. Avec une volonté inflexible, elle avait pourtant décidé de ne point demander l’arrêt tant que son compagnon ne le jugerait pas nécessaire.

Enfin on fit halte au pied d’une colline de pierre noire qui offrait, d’un côté, des dunes et des lames de sable figées jusqu’à mi hauteur, de l’autre une falaise à pic bien abritée et au nord.

On mit alors pied à terre. La jeune fille oscillait et ne put se tenir debout. Le chamelier lui fit boire un peu d’eau mêlée de quelque essence, et son vertige diminua.

— Nous allons attendre le soir, dit l’homme.

— Et si nous sommes poursuivis ? supposa Ioanna, qui était heureuse de cette halte, mais pensait au danger.

— Si on a pu deviner quelque chose, ce qui n’est pas impossible, on suivra une autre