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— Bois, lumière de mes yeux !

La jeune fille boit. Le silence renaît.

— Sais-tu que tu m’inspires une passion que nulle de mes cent épouses ne sut jamais faire passer dans mes veines ?

Elle le regarde, incertaine de ce qu’il faut dire et mélancolique. Le palais est noyé de silence, mais elle devine que partout autour de sa vie des négresses agiles et des soldats sont là à veiller pour satisfaire ses moindres désirs et ceux de ce gros homme poétique, mais aussi ses colères.

Alors, lasse et vaincue, elle fait signe qu’elle est la servante de celui qui parle avec des paroles douces et charmantes. Il attendait le geste et la saisit, puis la ploie sur les coussins…

Il se retira sans qu’elle le sut, exténuée et défaite par la lassitude de tant d’aventures imprévisibles qui déviaient sa volonté sans répit.

Elle dormit dans une sorte de mousseline froissée où son corps paraissait comme à travers une eau très claire. Et, durant son sommeil, des négresses silencieuses vinrent dix fois la regarder pour s’esquiver vite.

La vie de harem commençait.

Ioanna fut pendant trois semaines la plus adorée des femmes de ce pacha qui prétendait descendre des rois de Tyr.

Pour elle, il eût lancé des troupes à la