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dans un instant, et il veut que nous te parfumions et te massions pour lui.

La jeune fille s’est décidée à tout accepter sans révolte. Même, se sentir ainsi désirée, conquise à coups d’assassinats et pareille à une merveille inestimable que chacun veut avoir lui apporte une joie amère et nouvelle…

On la prend, on l’emporte au hammam et on l’y dénude pour mille pratiques d’une hygiène savante et bizarre.

Enfin on la ramène dans sa chambre où elle s’étend et ferme les yeux.

Mais un pas sonne et s’arrête à sa porte. Ioanna ouvre les yeux.

Grand et gros, la figure glabre, vêtu d’une tunique de soie aux couleurs multiples, un homme est là qui la contemple. Il s’assied à son côté.

— Divine beauté que Dieu créa pour la joie du monde, souffre que je te dise l’admiration que tu m’inspires.

Elle ne répond pas, un peu grisée par ce respect inattendu et tout oriental, cette ferveur et le charme d’une voix poétique qui lui parle en grec.

Il demande :

— Tu es de race hellénique ?

— Sans doute, répond Ioanna.

Il approuve et sonne.

On apporte des tasses d’une boisson qui sent la rose.