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du monde et n’ignorait rien des ruses ou finesses de la guerre, s’en alla sur une voie romaine, pavée de larges dalles, où la marche était sans doute sonore mais facile.

On s’arrêtait dans des auberges autour desquelles une garde était alors disposée. Deux soldats veillaient devant la porte de la demoiselle. Tout le monde était nourri et abreuvé dignement et pourvu qu’il n’y eût point d’erreurs ou de malencontres dans les factions, la vie se passait bien.

Ioanna fut vite en butte aux plaisanteries de ses collègues, mais elle les accueillit en riant et en prenant seulement garde de ne permettre aucune familiarité. Ce lui fut facile, parce que le commandant de la petite troupe avait une lourde responsabilité et veillait surtout à garder sa troupe en état. On traversa des villes et des villages innombrables. On fut attaqué par des aventuriers, une vingtaine, près de Lyon. Trois hommes furent tués, mais l’ennemi dut s’enfuir.

On eut même des démêlés avec une troupe du roi Lothaire, et cela aurait mal tourné si la nuit n’était pas venue séparer les hommes, et si le chef n’avait pas profité de l’obscurité pour décamper sans tambours ni trompettes.

La France s’étalait ainsi, avec ses champs et ses castels, ses vignes et ses fermes, comme un tableau infini aux aspects per-