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Lorsque l’aube commença de naître, elle se trouvait dans une sente découverte, et non loin d’un château qu’il était préférable d’éviter, encore qu’il eût l’air assez bonhomme et peu menaçant.

Elle s’enfonça dans un petit bois, traversa une vigne et se trouva ensuite en une lande sinistre, où l’on pouvait aller plus rapidement. Quand le soleil fut au zénith, elle avait perdu depuis longtemps le château de vue, mais ne trouvait pas encore la route qui pouvait être une relative protection pour un voyageur solitaire. Elle était épuisée.

Elle s’assit sur un monticule, à l’abri des arbres qui y croissaient, et regarda le paysage. Il était morne et plat, peu agréable et certainement plein de dangers.

Brusquement un bruit lointain lui vint.

C’étaient des chasseurs qui couraient en soufflant sans doute dans une corne. Les sons rauques se répandaient sur la campagne comme une menace.

Enfin, elle vit apparaître un homme vêtu noblement, la face sanguine et audacieuse. Monté sur un cheval massif, il courait, suivi de trois valets.

Comme tout ce monde cernait sa butte elle ne douta point d’être découverte.

Et de fait, arrivé à trente pas, le digne cavalier s’arrêta et cria :

— Ho ! Homme, fais-toi voir, je te prie.