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Elle appela.

— Ho ! le cavalier, où allez-vous ?

Les deux autres, effrayés, s’arrêtèrent.

— Ne nous faites pas de mal, dit la femme.

— Je ne vous veux ni mal ni bien. Mais où allez-vous ?

— Nous allons au château de Monjers, qui doit se trouver non loin, mais nous ne pouvons plus le retrouver.

— Arrêtez-vous en ce cas !

— Oh ! non. Nous allons bien rencontrer un village, pour passer la nuit.

— Allez donc, fit Ioanna sans s’approcher.

Ils s’éloignèrent en hâte. Il est certain qu’ils pensaient avoir eu affaire à un terrible criminel, mais s’imaginaient l’avoir effarouché.

Toutefois, à peine avaient-ils fait trois cents pas que la jeune fille entendit des cris et des appels, des piaillements et tout un tumulte, témoignant incontestablement qu’on venait de faire un mauvais parti au couple craintif.

Puis, le cheval naguère monté par la femme revint au galop, et passa devant Ioanna.

Si je pouvais m’en emparer, songea-t-elle.

Le coursier s’était arrêté à vingt pas, une fois sa première peur disparue, et il broutait l’herbe dans l’obscurité.

Ioanna s’approcha. Il se laissa prendre et