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deux années d’âge, connaissait toutes les langues mortes et mille sciences mystérieuses.

Ioanna devint célèbre en quelques jours. On vint de l’abbaye de Saint-Victor et de Saint-Germain la questionner avec quelques soupçons sur son savoir. Au demeurant, les curieux la jugèrent vite remarquable et presque surnaturelle.

D’où venait donc ce jeune moine, muet sur sa vie, et sur ceux qui l’avaient instruit ?

On se le demanda avec intérêt, et il est possible que mille ennuis lui fussent promis pour cela. Les congrégations parisiennes n’aimaient pas en effet ces inconnus, riches de savoir et d’expérience, qui venaient de temps à autre, en habit monacal, attirés par le renom de la Cité et fascinaient tout le monde.

Mais, sur ces entrefaites, on apprit avec émotion la mort de Louis le Pieux, Empereur. En une matinée toutes autres questions furent oubliées pour le problème passionnant qui se posait : Comment l’Empire allait-il être partagé et entre qui ? Car il était facile de prévoir que si Lothaire, fils aîné de Louis semblait destiné dès l’abord à prendre en mains les rênes impériales, ses frères Louis et Pépin et le bâtard Charles, fils de Judith, n’en resteraient pas là… On oublia Ioanna, qui, de personnage d’actualité, devint aussitôt une des innombrables notoriétés de la