Page:Dunan - La Papesse Jeanne, 1929.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Fulda, de trouver à y vivre. Elle sait que les vagabonds connaissent son sexe. Ils n’en ont jamais abusé, car leurs femmes sont jalouses. Au surplus elle leur a rendu service et ils la tiennent tous désormais pour un membre de leur clan.

Le lendemain on entra à Paris.

La ville étrange que voilà, en vérité.

Qu’on se figure une île ayant la forme d’un bateau et qui sert de centre à une agglomération répandue sur les rives du fleuve, des marais à droite, une colline à gauche, où des ruines antiques demeurent.

Et presque toutes les maisons sont en pierre, car il y a des carrières inépuisables dans les environs.

Les marchands, chose merveilleuse, sont avenants, les femmes belles et souriantes, les soldats modestes, tout le monde plein d’une sorte de politesse, qui est pour Ioanna la surprise la plus rare. Elle qui voyait l’humanité comme un monde d’ennemis acharnés à se détruire entre eux, il lui semble que cette ville de Paris est un vrai paradis.

Quoique son froc monacal soit en morceaux, Ioanna sort dans Paris sitôt que ses compagnons sont parvenus en une sorte d’antre mystérieux où vivent d’innombrables aventuriers de même race ou de même destin.

Elle rencontre des moines aussi dégue-