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Elle s’éveilla. Une vieille femme presque sans vêtements lui fit signe de se lever. Tout le monde était debout et les hommes portaient des paquets sur le dos.

Ioanna comprit que peut-être ses ennemis étaient-ils proches, ou bien des ennemis de ces vagabonds dont elle devenait la sœur. Elle demanda un fardeau, et, sans un mot, la petite troupe se mit en marche.

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Les soleils se suivent ainsi. Rôdant le jour pour piller et chasser ou détrousser les fermiers, marchant la nuit avec un sens étonnant de l’orientation, les errants s’en vont avec sûreté, comme si le monde était pour eux lisible ainsi qu’un livre d’images. Ioanna s’est agrégée à ces inconnus aux faces noirâtres et inquiétantes. Elle se sait en sécurité, sauf pourtant si on surprend la horde, car en ce cas on la pendra avec tous.

On traverse les fleuves et on tourne les villes. De temps à autre on s’arrête un ou deux jours dans des recoins mystérieux ou des traces d’autres passages sont apparentes. Sans doute est-ce là une race d’êtres répandus dans le monde entier, et qui suivent tous les mêmes voies, se reposent aux mêmes lieux et luttent semblablement contre les mêmes forces à savoir la société.

Ils sont accueillants, mais parlent peu. D’ailleurs seuls les hommes savent s’expri-