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Trois hommes aux faces féroces la regardèrent arriver, puis parlèrent en une langue inconnue.

Ioanna sentit une sorte de joie l’inonder devant ces hors la loi, qui pourtant ne semblaient point accueillants.

Elle dit en langue germanique.

— Que Dieu vous garde, voulez-vous me laisser reposer en votre compagnie un instant ?

— Oui, dit un des hommes dans le même langage. Mais, si vous venez pour nous apprendre et nous imposer l’adoration de votre Dieu, allez-vous-en ! Nous avons nos croyances et n’en voulons point d’autres.

Ioanna comprit que ces hommes refusaient d’être évangélisés et elle répondit :

— Je ne suis pas ce que mon vêtement dit. Tout au contraire les moines me poursuivent pour me supplicier.

Les hommes se mirent à rire.

— Soyez avec nous ! Et l’un d’eux lui désigna une sorte de galette noirâtre avec une tranche de viande boucanée sur quoi mordaient deux enfants nus.

Ioanna fit signe qu’on lui donnât un couteau, prit un peu de ces aliments grossiers, et se sentit toute réconfortée. Une heure après, couchée sur l’herbe, elle dormait.

Il était tard dans la journée lorsqu’une main dure la secoua sans précautions.