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Un chien vint jusqu’à elle et lui lécha les mains. Elle le caressa en silence.

« Voilà enfin un ami pensa la jeune fille, qui sentait ensemble une âpre énergie et un attendrissement mélancolique la posséder.

Elle franchit le mur et se trouva sans difficulté dans la forêt silencieuse.

Il lui fallait maintenant fuir vite et droit, car, à l’aube, on enverrait un exprès avertir les soldats d’Engenhem et même de Mayence, afin qu’ils se missent à la poursuite de l’évadée.

On leur promettrait aussi une prime, ce qui les rendrait ardents. Elle avança au hasard. La nuit était sombre, mais déjà, au nord-est, une fine lueur apparaissait à travers les arbres. La lune se levait.

Guidée par la lueur blanche de l’astre, dont Ioanna connaissait l’histoire païenne, la jeune fille eut envers les dieux de cet Olympe que lui avait décrit son père adoptif, une sorte de brutale dévotion.

Condamnée par le Dieu des chrétiens, elle serait peut-être sauvée par celui des Hellènes.

Et elle priait, en grec, Artémis de l’aider à vivre et de la servir.

Ioanna marcha des heures sans infléchir sa route que la lune lui montrait. Elle allait d’un pas fléchi et attentif, fouillant le sous bois avec soin et craignant moins les loups que les hommes.