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KASCHMIR, JARDIN DU BONHEUR

de mal finir. Tous mes efforts d’impassibilité n’avaient abouti à rien ou plutôt avaient suscité la haine de Zenahab. Il est vrai que si je m’étais montré passionné, ardent et viril, rien ne prouve qu’au beau milieu de mes démonstrations galantes, je n’eusse pas reçu un coup de poignard parfaitement placé et exactement mortel. J’étais même convaincu qu’il en eût été ainsi. Cette femme tuait qui manquait à la satisfaire, et qui la satisfaisait mal. C’étaient là deus injures. Qui l’eût réjouie au maximum ne pouvait manquer de lui inspirer le désir d’immobiliser un si doux moment. Mort encore ! Il me semblait même qu’elle dût goûter surtout l’âpre désir des regrets et connaître une jouissance aiguë à supprimer celui qu’elle aimait. En toutes voies, la mort apprêtait sa faux.

Pour moi d’ailleurs, Zenahab devait, en réalité, manquer de cette ardeur qu’elle affichait. Était-elle anesthésiée par la dé-