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KASCHMIR, JARDIN DU BONHEUR

à m’irriter. Je me reprochais avec amertume d’être ainsi embarqué si sottement dans une aventure inconnue, sans surtout mes fidèles brownings. Soudain, le bruit de pagaie cessa. Le bateau suivit son erre quelques mètres, puis s’arrêta.

— Penche-toi sur ta main gauche, tâte le mur, sens-tu une poignée ? dit l’adolescent à voix basse avec une indéfinissable émotion.

Je me penchai. Une sorte de heurtoir était là.

— Lève-toi doucement, tiens bien cette poignée. Au pied, il y a un espace pour se tenir debout. Place-toi !

Je n’avais qu’à suivre ces conseils, n’ayant aucun choix entre divers partis. Je fus un instant appuyé à mur lisse, et debout sur une sorte de marche. Alors, j’entendis la pagaie remuer l’eau. Une minute passa. Le silence se fit tombal. Évidemment mon conducteur était disparu.