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KASCHMIR, JARDIN DU BONHEUR

solitude sans laquelle je me fusse installé ailleurs. Pour cela l’étrange et élégant visiteur peu vêtu m’intrigua prodigieusement et m’apparut aussi mystérieux qu’un djinn.

Un parfum violent et aphrodisiaque, croisé de roses, de jasmins et de chèvrefeuilles, qui poussent à Kaschmir comme en France l’ortie, me venait par bouffées régulières. Je regardais dans la lueur lunaire cette forme agile qui venait me trouver, j’en étais convaincu.

De fait, l’être svelte sauta sans façon par dessus la barrière séparant mon jardin des propriétés voisines et s’approcha à pas plus lents.

Quand il fut à dix pas, je dis à haute voix en dialecte dogra que je parle bien et qui ressemble presque parfaitement au langage de Kaschmir dont les souplesses ne me sont toutefois pas aussi familières :

— Bonsoir !

La forme s’arrêta, je me penchais pour