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souci de choses la concernant qu’elle ignore et néglige. »

Pourtant il savait qu’elle fût au fond mieux informée que lui des contingences de la vie matérielle. Que tout cela était donc difficile à démêler !

Il erra dans la vaste maison. Une poussée secrète tendait à le ramener vers sa chambre, là où Lucienne reposait, mais il n’avait pas un net sentiment de ses propres impulsions. Une force contraire aussi, luttait pour qu’il se conduisît en galant homme et laissât sa cousine dormir jusqu’à l’heure dite.

Il visita la cuisine et s’aperçut d’avoir laissé ouvertes les portes du placard aux vins et liqueurs. Il remit le porto à sa place et lava gauchement les verres dont Lucienne et lui avaient usé. Il effaça les traces de cette extraordinaire visite qui bouleversait si profondément sa pensée, et cela le divertit un moment. Il allait de çà de là, oubliant la fatigue d’une nuit blanche. Il but du café froid et tenta de retrouver son calme intellectuel coutumier. La nouveauté de l’événement, tantôt lui paraissait exquise et « littéraire », tantôt emplissait son avenir de menaces. Et partout le sourire aguicheur de Lucienne le hantait, avec, de temps à autre, les souvenirs des seins nus et des bras frais haut levés qui se refermaient sur sa nuque