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— Vous me sauvez, Jean, et je vous embrasserais encore si j’osais…

— Osez, Lucienne !

Elle vint à lui, orgueilleuse et portant ses seins apparents comme une victoire. Ses joues écarlates fleurissaient autour d’une bouche pareille à quelque plaie vive et fascinante. Jean sentit la chair tiède des bras minces et ardents qui l’étreignirent avec violence. Il vit, au ras de sa face, deux yeux dilatés et luisants de désir. Il n’avait pas cru que l’amour lui viendrait sous cette forme redoutable et voluptueuse. Un quart de seconde il aperçut la face qui l’affrontait et le double promontoire des seins. Était-ce là la petite Lucienne Dué ? Non, c’était l’amour même. Toutes les déesses de la Grèce amoureuse saisirent ensemble les lèvres de Jean pour y apposer un ineffaçable sceau.

— Lucienne, ce jeu de baiser est terrible. Je deviendrais…

Elle eut un air doux et innocent. Il était impossible de lire sur son visage si elle avait participé à l’émoi de son cousin.

— Que voulez-vous dire, Jean ?

— Lucienne, rien moins que ceci : votre contact, vos lèvres, feraient de moi… ce que tenta de vous être le forgeron.

Elle eut un léger sourire, qui pouvait être un défi :