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— Lucienne, je ne sais ce que je vais pouvoir faire, mais enfin comptez sur moi.

Elle le regardait avec des traits illisibles, où il crut pouvoir deviner :

« Que peux-tu, mon pauvre lycéen ? »

Pour donner plus de poids à sa pensée, il dit encore :

— En parlerez-vous à mon père ?

Elle eut un geste d’épouvante et les larmes revinrent.

— Non, Jean. Je veux que personne n’intervienne. Je vous demande asile cette nuit…

— Vous êtes chez vous.

— Et je tâcherai en quelques heures de repos de trouver une solution. Je m’en irai à Paris…

— À Paris, Lucienne ! Qu’y ferez-vous ?

Elle dit avec un air languissant :

— On m’a dit que je réussirais au cinéma.

Il haussa les épaules. Son ignorance était entière de toutes les matières et des problèmes posés par le cinéma. Il professait un grand mépris pour cet art inférieur, qui, disait-il, n’est que le théâtre du pauvre.

— Il vous faudra de l’argent pour aller à Paris.

Elle devint brutalement rouge.

— Lucienne, je dépense peu. À vrai dire on ne me refuse rien ici. Je vous offre ce que j’ai et ce que je pourrai avoir.