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les modalités et les détails contractuels, n’ait pas encore trouvé sa formule définitive.

M. Dué leva un doigt en l’air, pour signifier qu’il allait prononcer des paroles graves.

— Dans un milieu social déterminé et en fonction des lois qui le régissent, deux forces s’exercent toujours : celle qui veut soumettre le réel à un principe et celle qui prétend extraire son principe — variable — des contingences du réel.

«Quand un État est stable, prospère et libéral, chose que chaque pays fut au moins une fois dans son histoire, on individualise les lois et on les assouplit. Mais ceci correspond à la pensée jeune et active des élites intellectuelles, qui n’ont pas encore atteint l’âge des misanthropies et des orgueils séniles. Nécessairement toute liberté engendre les abus. On doit compter sur eux comme sur toutes les malencontres sociales. Mais les hommes vieux, dont il advient, surtout dans les pays pauvres, instables et rigides, qu’ils se fassent écouter, font toujours campagne contre la norme des abus. Et leur triomphe, surtout après les guerres et les révolutions qui suppriment les meilleures têtes de la jeunesse, est presque une institution comme le retour des comètes. Alors on rend les lois inflexibles et strictes. Le fait engendre de nouveaux abus contre lesquels une élite se