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sortes de Dué : Ceux du bord de l’eau, parents de Lucienne, ceux du coteau, auxquels on réservait une certaine estime, parce que très anciens et ayant été riches avant la Révolution ; ceux du chemin de fer, qui vivaient de leurs rentes depuis la construction, vers 1874, d’une voie ferrée les ayant expropriés. Ceux-là avaient su en effet, par les Dué magistrats, toucher une grosse indemnité. Enfin il y avait les Dué bouchon, déshonorés parce que tenant une auberge. Le reste, qui comptait une douzaine de familles encore, ne méritait même pas l’honneur d’être nommé…

Mme Dué demanda avec un sourire :

— Est-ce vrai qu’il va épouser la petite du bord de l’eau ?

M. Dué sourit à son tour :

— Il l’espère, mais Sournoy, l’agent de la sûreté, a fait un rapport disant que la petite s’était sauvée dimanche soir. Et on ne sait où elle a pu partir.

— Elle tournera mal, dit Mme Dué.

Jean écoutait de toutes ses forces, attentif de ne point dénoncer l’intérêt qu’il prenait à cette conversation.

Son père reprit :

— C’est une jolie fille. Beaucoup de garçons la suivent depuis longtemps. Mais je la plains si elle tombe entre les mains du ferrouillard.