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grenier, délices des enfants, où Jean Dué avait laissé les plus chers souvenirs de son jeune âge.

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Cependant le jeune homme, malgré un âpre désir de retrouver sa stabilité mentale accoutumée, connut son cœur gonflé de quelque fièvre absurde et d’une inquiète nervosité. Il se sentait bipartir au fond de son être. Habitué à s’analyser soigneusement, et craignant toutes duplicités, il s’étonnait donc de percevoir en soi une nouvelle âme, triste et sentimentale, pleine de désirs cachés et peut-être honteux.

Pourtant il devinait que cette pensée inconnue dût porter virtuellement bien des joies neuves, cuisantes et chéries, dont le vrai Jean Dué, sans elle, resterait ignorant…

Et la pente de ses réflexions le mena malgré soi à songer qu’il fût par le monde des plaisirs plus ardents, possessifs et somptueux que ceux dont se délecte un lycéen amoureux de ses seuls livres.

Afin de chasser l’idée redoutable, Jean revint près de la table où gisaient les ouvrages qu’il avait apportés pour divertir sa soirée. Il y avait là un Shakespeare : Les Joyeuses Commères de Windsor. L’adolescent haussa les épaules. Ou bien les aventures de ce Falstaff et des commères qui le bernent sont chose stupide et dérai-