Page:Dunan - Baal ou la magicienne passionnée, 1824.pdf/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
BAAL

venait plus. Or, la sensation de présence s’aggrava. Alors j’écoutai avec soin et passion. Rien ne manifestait à l’audition qu’un être vivant s’approchât de moi. J’eus peur ! Je connais bien le Bois. D’un bond, je sautai devant moi, puis me mis à fuir follement en prenant toutefois garde de ne pas culbuter dans une bordure de fils de fer.

Mon attention aiguisée tentait de suivre, parmi le bruit de ma course, un bruit de poursuite s’il en était. Je n’entendis rien.

Je me trouvai soudain au sommet d’un talus encaissant une route. Je sautai et traversai la route ; puis, remontant le talus en face, je courus vingt pas sur une pelouse. Au milieu, je m’arrêtai, le souffle coupé.

Je me laissai tomber à terre, tournée vers le chemin suivi. Un réverbère, loin vers les Acacias, y jetait une lueur légère. Si on avait traversé derrière moi, J’aurais vu.

Rien ne vint, et le silence était complet. Il était si total que mon attention trop tendue percevait le frisselis du sang dans les vaisseaux côtoyant les oreilles.

Et j’eus peur encore.

Une présence se manifestait non par l’ouïe, ni la vue, mais par une intuition, un sens