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SAMECH

— Renée, il faut avoir vu vivre de près des amants pour comprendre.

— Alors personne ne comprend, car les amants ne vivent généralement pas en public leur intimité.

— Plus que tu ne crois. Mais je ne veux pas te mettre devant les yeux des choses que tu finiras bien par voir seule, — c’est cela « voir », — si même tu n’y participes pas.

— Non, vraiment ! je dirai même que plus nous parlons de ces choses, plus nous entrons dans le détail de leur examen, moins cela me semble appétissant. Sujet d’étude, oui ! comme on se passionne pour l’examen d’un néoplasme cancéreux, et qu’on passera des heures l’œil à l’oculaire d’un microscope pour voir proliférer les cellules néoplasiques. Rien d’autres !

— Supposons-le, Renée, supposons-le ! Mais voyons ce cas ensuite : Notre homme et sa femme ont été éduqués de façon différente. Ils se sont mariés avec des préjugés plein l’esprit, et plein les sens. Le début du mariage entraîne toujours une fièvre qui piétine les préjugés, mais ensuite, l’éducation reprend le dessus et les impulsions de l’instinct font honte.

Me suis-tu, jusqu’ici ?

— Mal !