Page:Dunan - Baal ou la magicienne passionnée, 1824.pdf/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
BAAL

tous les vices ? Tu es aussi innocente depuis que tu es ici que tu fus auparavant.

— Mais je n’ai rien vu ici de corrupteur.

— C’est l’atmosphère, Renée ! Elle suffit pour corroder les pudeurs et les chastetés les plus résistantes. L’atmosphère de ma demeure est terrible, à ce sujet. Tous les employés et domestiques que j’ai utilisés sont devenus des monstres de lubricité. Toi seule !…

— C’est que, ne croyant pas, j’ai échappé à l’atmosphère.

— Ah ! tu devines bien. Voilà précisément la corruption qui commence en toi. Oui, c’est par la foi que le vice pénètre dans les âmes. Le scepticisme est une armure.

— Eh bien ! me voilà fraîche maintenant que vous m’avez exposé vos talents avec assez de précision pour qu’aucun doute ne reste sur leur existence.

— Ne te tracasse pas. Le vice a son charme.

— Heu ! je me trouvais bien jusqu’ici. Mais je tâcherai de me défendre. Dites-moi donc enfin comment ce couple paradoxal peut se plaindre de manquer d’une ardeur dont il déborde. Cela, je ne puis le digérer, ni ce diable que vous faites intervenir là dedans, sous forme d’un fuseau roux.