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SAMECH

— Tu as tort. On ne me ment pas.

— Enfin, il faut bien voir clair dans cette situation imbécile.

Si ce mari aime sa femme, a envie d’elle et la trouve — comme elle est — amoureuse et animée du même désir, de quoi se plaint-il ?

Et de quoi se plaint-elle puisque lui n’a que l’ambition de satisfaire la passion qui précisément l’anime, elle ?

Ce sont deux fous !

— Ce sont des êtres normaux, Renée, et comme il en est des milliers, des millions par le monde. Si tu t’es quelquefois demandé comment tant de couples, qui semblent s’aimer au fond, sont pourtant toujours hostiles en fait ; pourquoi l’adultère florit avec une telle abondance qu’il semble correspondre à un besoin social, tu as la réponse à ces questions. Ce couple s’aime, mais il ne s’aime pas comme l’amour réclame qu’on fasse. Homme et femme s’aiment avec des préjugés, avec des idées fixes relatives à l’amour, avec une « attitude mentale » qui diffère chez lui et chez elle. Me comprends-tu ?

— Pas du tout.

— Qui aurait cru que Palmyre garderait une secrétaire aussi naïve que toi sans lui donner