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TSADÉ

sans y croire par mon cerveau, tandis que mes rétines en recevaient le témoignage : Devant moi, à un mètre, un être s’effaçait doucement. Je vis le corps disparaître, puis ce fut la tête qui tournait vers moi des yeux affolés. Tout s’évapore enfin ! Secouée d’horreur, je m’aperçus sans conteste que la « cliente » de Palmyre était sortie de notre monde, de notre espace tridimensionnel, de notre domaine connaissable… L’ovale mystérieux, luminescent et agité, se figea alors, et devint d’une blancheur nette et vive. Rien ne subsistait plus de la jeune femme vingt secondes plus tôt vivante devant moi…

Je levai les yeux. Accotée à la cloison, Palmyre, les bras étendus, avait le front balafré de deux rides verticales. Je la sentais tendue comme un arc. Elle dit, d’une voix sifflante :

— Ne bouge pas, Renée, ne bouge pas !

Je restai immobile, curieuse et épouvantée.

Soudain, je vis, distinctement, la face de la visiteuse renaître dans l’ovale, avec des yeux ronds énormes, des yeux de rapace nocturne ; puis elle disparut à nouveau. Alors une sorte de forme hideuse naquit au centre du miroir, s’y étira, se contorsionna violemment, puis se matérialisa en cinq secondes et tomba sur le tapis. Le miroir était disparu…