Page:Dunan - Baal ou la magicienne passionnée, 1824.pdf/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
BAAL

— Conscientes, je ne sais, mais qui agissent comme si elles avaient notre type de conscience, oui !

— Il y a, selon vous, plusieurs consciences ?

— Bien entendu ! La conscience, c’est la perception d’une différence entre l’objet et le sujet, entre la matière sentie et la sentante. Il y a autant de consciences qu’il y a de rapports possibles entre l’être et le non-être, qui lui-même peut être l’être d’un sous-non-être, comme l’absolu est la perfection d’un mode de relativité…

— Vous êtes une métaphysicienne digne de cette Hedwige qui fermait jadis le bec de Casanova, disputeur pourtant expert, c’est-à-dire Italien, à Genève.

Elle s’esclaffa avec un air ambigu.

— Impossible, Renée, de vous voir sérieuse !

— Écoutez, je vous connais déjà comme une prodigieuse femme de négoce. Vous vous révélez subitement philosophe, fakiresse, magicienne ; Alors ça m’ahurit, et, comme dit le père Hugo, dans ahurit, il y a rit…

— Renée, tu as tort de plaisanter. Il y a une force inconnue contre moi. Elle est peu active, mais dangereuse, et tu pourrais en être victime, car, participant à la vie de l’au-delà par toutes