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BAAL

les sorcelleries d’amour où elle excellait. On ne lui refusait jamais.

Je ne croyais à aucun des trucs d’occultisme dont Palmyre faisait négoce. Ces balivernes me ravissaient toutefois comme des témoignages de la crédulité publique. J’avouais seulement que la correspondance de la sorcière était très savoureuse. Un psychologue y aurait découvert des trésors, car les clients et clientes d’une magicienne ne mentent jamais. Tout de même, j’étais souvent étonnée que les prédictions de Palmyre fussent si justes. Le hasard n’est pas si exact...

Et aussi je m’émerveillais qu’elle sut aboutir à tout ce qu’elle tentait. Elle remettait ensemble les amants séparés, assurait des vengeances, faisait aboutir de complexes projets, semblait enfin aussi habile et maîtresse de son activité que si ce qu’elle faisait avait été vrai.

 

Un jour peu après midi, nous conversions dans un de ses studios intimes. Je la devinais mal portante et ses yeux d’obsidienne paraissaient résorber la lumière. Elle souriait de sa bouche mince et rouge, avec une sorte de malignité.

Elle me dit :