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Culture.

sans que le sujet opère défavorablement sur les conditions de perfection du fruit. Toutes deux donnent des poires de très-belle dimension, entièrement fondantes et beurrées, à chair fine et nullement granuleuse ou cotonneuse, entièrement dépourvues de pierres, dégageant une eau abondante, sucrée et relevée. Voilà pour nous le type de perfection, devant servir de point de comparaison pour la qualification des poires.

Sans doute, il est des fruits qui sont très-méritants sans réunir toutes les qualités que nous venons de signaler, par exemple, des variétés contenant quelques graviers autour de la columelle ; d’autres moins absolument fondantes, mais pourtant non cassantes. Ces fruits, sans être des perfections, sont pourtant excellents. Mais la condition dominante de la perfection des poires est la saveur. Le fruit le plus fondant, le plus beurré, s’il n’a pas une eau abondante, sucrée et relevée, soit par le parfum, soit par la vinosité, ne sera jamais qu’un fruit médiocre. La perfection de la poire est dans la saveur. C’est là ce qu’on a beaucoup trop négligé, et ce qui a fait mettre dans le commerce, comme de première qualité, tant de poires médiocres, sans sucre et sans saveur.

Mais pour obtenir les conditions de perfection, il ne suffit pas de planter des poires parfaites. Le nombre des poires qui, comme le Passe-colmar, conservent leurs qualités dans tous les terrains et sur tous les sujets, est peu considérable. La plupart des variétés ont leur caprice, et c’est ce caprice qu’il faut connaître. Telle variété exige d’être greffée sur franc, telle autre sur coignassier, pour obtenir de bons fruits. Aussi le Beurré d’Hardenpont greffé sur franc est une perfectien hors ligne ; greffe sur coignassier, ce n’est qu’un fruit secondaire, et si ce coignassier est planté dans un sol humide, ce n’est plus qu’un navet. Il en est de même du Colmar Du Mortier.

Par contre, le Beurré de Naghin greffe sur franc reste dur et n’est bon qu’à cuire, tandis que sur coignassier peu vigoureux, c’est une perfection. Le Bon-chrétien est dans le même cas ; sur franc il n’est propre qu’à cuire, tandis que greffe sur coignassier