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Pomologie belge.

faux tous les deux, car il n’existe pas de Beurré d’Aremberg, si ce n’est parmi les poires débaptisées. Le Congrès pomologique de France, qui parait n’avoir pas connu l’histoire des fruits belges, a propagé cette erreur en désignant l’Orpheline sous le nom de Beurré d’Aremberg vrai.

Le Seigneur d’Esperen a subi le même outrage. Non-seulement on a fait disparaître de cette poire le nom de l’obtenteur, pour la nommer Belle lucrative ou Bergamote lucrative, mais M. Liron d’Airoles a voulu en enlever la gloire à Esperen, en prétendant qu’elle avait été gagnée en France, à Maubeuge, par M. Fiévée. Malheureusement pour ce sentiment, dès 1831, Lindley la déclarait une poire flamande et non française. Quand au nom de Bergamote lucrative, ce n’est point là une désignation d’obtenteur, mais celle d’un marchand de poires. Partout nous voyons donc les poires belges débaptisées à l’étranger et nos gains les plus précieux attribués à d’autres.

Mais celui qui a débaptisé le plus de poires, et qui le faisait par système, est feu notre ami Van Mons. Changer les noms des poires, était pour lui une démangeaison irrésistible, en substituant aux dénominations anciennes, les noms de ses amis et connaissances. C’est en 1819, dans les Annales générales des sciences physiques, qu’il inaugura ce regrettable système. Le Beurré des Trois-Tours fut débaptisé et nommé Beurré Diel ; la Calebasse de Swates, de Linkebecke, Calebasse Bosc ; la Fondante des bois, Beurré Davy ; l’Orpheline, Colmar-Deschamps ; l’Urbaniste, Beurré Drapier ou Beurré Picquery ; la Calebasse Carafon, Calebasse Van Marum, etc. Van Mons s’était constitué le curé général de la pomologie, rebaptisant sans merci tous les gains belges, au grand détriment de la nomenclature, et comme son immense activité le mettait en rapport avec tous les pomologues d’Europe à qui il communiquait nos fruits, il est en partie l’auteur de la confusion qui a régné dans les noms des poires belges.

La conclusion de ce qui précède, c’est qu’en pomologie comme en botanique, ce qu’il faut avant tout respecter, c’est le droit de