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Pomologie belge.

espèce, mais qui avait été envoyée sous ce nom à M. André Leroy d’Angers, en 1832, par Van Mons, et qui est aujourd’hui décrite et figurée par le savant pomologue français sous le nom de Délice d’Hardenpont d’Angers. Nous ne connaissons pas ce dernier, mais la figure et la description qu’en donne M. Leroy dans son remarquable Dictionnaire de Pomologie, nous porte à croire que sa poire n’est autre que la Fondante du Panisel d’Hardenpont. Celle-ci a été gardée en original dans la famille du célèbre semeur, à Tournay. L’abbé Nicolas Hardenpont avait à Tournay son neveu, Charles-Bernard Hardenpont, chanoine de la cathédrale de Tournay, mort en 1826, et une nièce mariée au conseiller Macau. Dans le jardin des Macau à Jollain, étaient deux arbres au vent de la Fondante du Panisel, greffés du temps de Nicolas Hardenpont. Ces pieds étant morts de vétusté il y a peu d’années, M. le notaire Macau a fait regreffer l’espèce qu’il conserve avec soin. Or, si nous examinons et le type du fruit et la description de l’arbre du Délice d’Hardenpont d’Angers, nous croyons y retrouver la Fondante du Panisel. Ce point au reste est à vérifier.

Le Beurré rance, cet autre gain si remarquable d’Hardenpont, a été aussi débaptisé à son tour, et ici encore, un siècle après, on a voulu lui contester ce gain, soit en attribuant la poire au village de Rance, soit en la faisant passer pour une vieille poire française. Ainsi que nous l’avons dit, ce fruit lors qu’il provient d’un arbre vigoureux et abondant en sève, a un goût rance très-prononcé, tandis que sur un pied arrêté en sève, le goût rance disparaît entièrement et fait place à un fruit exquis. C’est dans le premier état qu’Hardenpont lui a donné son nom. M. l’abbé Charles-Bernard Hardenpont, nous a souvent dit que son oncle avait ainsi nommé cette poire, parce que dans l’origine de son gain elle avait un arrière-goût rance. Cependant des malins ayant mangé ce fruit dans son état parfait, ont cru qu’il y avait là une faute d’orthographe, et avec l’aide de leur galopante imagination, ils se dirent que le mot de rance devait se rapporter au village de ce nom, et de là ils inven-