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Pomologie belge.

contraire, c’est le mangeur. Ainsi, le Beurré d’Hardenpont est devenu un vorace mangeur, au lieu d’un fruit digne d’être mangé. Mais on a fait plus, on a confondu le gain d’Hardenpont avec le Glou-morceau de Cambron, poire entièrement différente et de second ordre ; puis on lui a donné encore d’autres noms, Beurré de Kent, Beurré Lombard, etc.

Le Délice d’Hardenpont, cette poire-sœur du Passe-Colmar, n’a pas eu meilleure chance, et on a été jusqu’à dire qu’Hardenpont ne l’avait pas gagnée. Notez que ces prétendues découvertes se font un siècle après le gain ; que c’est cent ans après que, subitement illuminé, on vient nier un fait incontestable et incontesté, comme si les gains d’Hardenpont étaient une gène pour nos voisins ! Ici encore le nom de l’illustre obtenteur est disparu, et les écrivains français, MM. Decaisne et André Leroy, l’ont décrite et figurée sous le nom de Charles d’Autriche ou d’Archiduc-Charles. Or ici, paraît-il, c’est Van Mons le coupable, qui a débaptisé l’espèce. Les noms de Charles d’Autriche et d’Archiduc Charles sont inconnus en Belgique, pays d’origine du Délice d’Hardenpont, et déjà en 1808 M. Noisette la propageait sous son nom véritable. Mais Oberdieck ayant écrit qu’en 1810, Van Mons l’avait envoyé à Diel de Stutgardt, sous le nom de Charles d’Autriche, le pomologue Hanovrien paraît avoir modifié ce nom en Archiduc Charles. Assurément la fausse désignation donnée par Van Mons a pu induire momentanément en erreur ; mais aujourd’hui que cette erreur est reconnue, pour quoi ne pas rétablir le nom véritable ? C’est, dit M. A. Leroy, pour ne pas confondre le Délice d’Hardenpont belge avec le Délice d’Hardenpont d’Angers. C’est-à-dire qu’on commet une erreur, pour maintenir une autre erreur. Il ne saurait, ajoute-t-il, y avoir le moindre inconvénient à rayer ce nom de la nomenclature des variétés. Pardon, il y a inconvénient, il y a délit, il y a ingratitude à faire disparaître de la nomenclature le nom du fondateur de la pomologie.

Tandis qu’on débaptisait ainsi le Délice d’Hardenpont, on donnait à Angers ce nom à une poire qui n’a jamais été cette