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pomologie belge.

La théorie du semis donnée par Van Mons est entièrement nouvelle. Il soutenait qu’en ressemant sans cesse les poires nouvellement gagnées, on arriverait à ne produire que de bons fruits, de manière à n’avoir plus besoin de greffer les poiriers ; là était son idéal. C’est dans le second volume des Annales générales des sciences physiques, publié en 1819, qu’il développa pour la première fois cette théorie. Il expose qu’ayant appris qu’à Mons on avait obtenu des résultats heureux en semant les pepins des variétés nouvellement obtenues, de préférence aux anciennes, il avait étendu cette théorie au troisième et quatrième renouvellement, et que les pépins des fruits des derniers renouvellements, ces fruits fussent-ils d’une qualité inférieure, étaient préférables à ceux des meilleures variétés anciennes. « Il suffit, dit-il, de confier à la terre des noyaux ou des pépins du troisième renouvellement pour être certain d’avance d’avoir des fruits bons et beaux, de sorte qu’il devient désormais superflu de multiplier par la greffe ou par écusson les espèces d’arbres qui donnent ces fruits.[1] » Une théorie aussi neuve, aussi extraordinaire, appuyée sur des expériences, devait faire son chemin et elle l’a fait en couvrant d’honneur celui qui l’avait inventée. La théorie de Van Mons a acquis une véritable célébrité et elle a fait école dans le Brabant où nous allons voir ses résultats. Certainement, il y a du vrai dans la théorie de Van Mons, surtout au double point de vue de la rapidité de la mise à fruit et de la disparition des qualités repoussantes et sauvages de beaucoup de poires de semis ; mais aussi, en opérant de la sorte, si on obtient une plus grande quantité de fruits mangeables, on finit par n’obtenir que de très-petits fruits et de qualité médiocre. Pas un seul fruit transcendant n’est sorti de cette méthode. C’est ce qui explique comment Van Mons et ceux qui l’ont suivi, après avoir tant semé, ont laissé si peu de poires d’un mérite réel, des poires mangeables, mais absence de sucre et de saveur.

  1. Ann. gén. des sciences physiques, vol. 2. page 53.