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pomologie belge.

L’exemple d’Hardenpont eut des imitateurs. En 1787, Capiaumont, pharmacien à Mons, gagnait, des semis de la Calebasse, le Beurré Capiaumont, poire d’une remarquable fécondité. Vers la même époque, Dorlin obtenait la poire Saint-Ghislain ; la Médaille d’or était gagnée à Oignies, et M. l’abbé du Bardou produisait le Beurré du Bardou ou Beurré anglais. La poire connue sous le nom de Bergamote de Pentecôte ou Doyenné d’hiver, doit dater aussi de la fin du siècle dernier ou des premières années de ce siècle. Van Mons fait connaître qu’elle provenait du jardin des Capucins de Louvain. Malines est au reste un lieu de prédilection pour la pomologie : c’est là que nous trouverons le Cte Coloma, de Nelis et Esperen, dont les gains ont acquis une juste célébrité.

Au commencement de ce siècle, Mons continue l’œuvre commencée par Hardenpont, on y sème avec ardeur, et d’abord apparaît l’une des poires les plus exquises, digne rivale des gains de ce grand maître, le Beurré Liart ou Napoléon. Ce fruit précieux fut obtenu en 1808 par Nicolas Liart marchand épicier, rue des Capucins, dont le jardin était situé hors la porte de Bertaimont. C’est de cette poire que le docteur Jahn a dit avec raison : elle est tellement juteuse qu’on croirait boire le fruit. Poiteau, en 1834, dans le quinzième volume des Annales de la Société d’horticulture de Paris, p. 364, a fait toute une histoire au sujet de ce gain remarquable ; M. Daras de Naghin qui fut témoin oculaire de ce qui s’est passé, et les contemporains avec lesquels nous avons vécu, disent les choses autrement. Le gain fait par Liart eut à Mons un grand et légitime retentissement, au point que le préfet du département de Jemmapes, M. De Coninck, décida de donner une médaille d’or à son obtenteur. Celui-ci tenait à donner son nom à sa poire, mais le préfet en lui remet tant la médaille, crut devoir faire de la politique napolénnienne.

« Il faut, s’écria-t-il, que la meilleure des poires porte le nom du plus grand des héros ! » et au grand déplaisir de Liart, il la baptisa Beurré Napoléon. Je vois encore, dit M. Daras de Naghin, Liart, entouré de tous les membres de la société pomologique, sortir de la préfecture portant en sautoir sa médaille d’or et