Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 86 —

C’était là où Moncupette voulait en venir. Son élixir devait inspirer l’amour et donner la force d’en tenir toutes les promesses. La conception en était prodigieuse. Mais il lui manquait l’élément principal : la sarabaïtine qui ne fleurit qu’aux nouvelles lunes, et il la cherchait avec ardeur, avec opiniâtreté, dans les vallées profondes du mont Cornu chinonais, ainsi que les indigènes de Turpenay nomment la rocaille qui domine leur commune.

Poireau affirmait que les vaches de Turpenay en avaient mangé tous les plants jusqu’à la racine ; c’est pourquoi on n’en trouvait plus. Mais le curé savait à quoi s’en tenir sur les affirmations du maire.

Mme Olympe, plus crédule, croyait aux bénéfices de l’élixir de Moncupette. Elle avait même consulté à ce sujet la veuve du berger, retirée dans une caverne de la montagne, où elle continuait les opérations occultes de son mari.

La vieille pythie était montée sur son trépied, avait évoqué l’âme du berger qui, chaque fois, lui avait répondu que la sarabaïtine se trouvait à mi-chemin, entre sa tête et ses pieds.

Mais ce n’était pas seulement pour s’entendre répéter cet oracle que la lesbienne était montée au mont Cornu ; elle, aussi, avait son idée.

Dans la situation précaire où elle se trouvait, la baronne de K… n’avait pas trop de distractions.