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l’heure, ma fille, c’est toute la grâce que je vous souhaite.

C’était, chaque samedi, des confessions de l’espèce.

— Ces garces me feront mourir sur la paille, se disait-il chaque fois en y allant de sa pièce de cent sous à la sous-préfecture.

Heureusement qu’il avait dans le maire, le gai Poireau, un ami de toute franchise. À eux deux ils incarnaient la bonne République : Égalité, liberté et fraternité. Turpenay, de rabelaisienne mémoire, était bien la commune affranchie. On y était plus qu’égaux, on s’y cocuait fraternellement. On y était libre et libertin. La fraternité y avait pris une extension des plus embrassantes. Pas de monsieur ni de madame, on y était Pierre, Jacques ou Jean, la Rosine, la Colette ou la Catherine. Le maire n’était que Poireau. Ses mastroquets seuls qu’il visitait régulièrement, l’appelaient : « le maère ».

Son bouchon favori était : Au Pendart, où la Catherine, gossine anacampsérote, aux seins pommés, asticotait vertement les mâles.

Le maire et le curé y allaient boire chaque matin leur pichet de vin blanc et l’après-dînée leur pichet de vin rouge.

Le maire avait une tenue déplorable ; il s’en fichait.