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Dix, quinze, vingt fois, c’était la même réponse.

L’ouvrière se perdait dans les flots de la prostitution. C’était une gouine de plus.

Ce cas est l’histoire navrante de chaque jour. Aux mortes-saisons, il y a ainsi quarante mille ouvrières que la prostitution guette. Il faut diablement des vices et des chabannais pour employer tout cela.

Cinquante proxénètes et rabatteuses font à Paris le métier de la Moulaballe ; c’est à les fouetter en place publique !

Mme Olympe avait pour cliente, depuis six ans, une duchesse inconnue.

Annoncée par un billet, elle arrivait masquée de satin rose.

Toutes les gouines, qu’elle préférait aux nymphes, avaient vu son corps, pas une sa figure.

L’opératrice était demandée aux proxénètes qui livrent cet article.

Elle devait être rendue à heure fixe à l’Académie, le corps net, les dessous impeccables ; elle était introduite dans un boudoir tendu de satin bleu où la duchesse l’attendait, étendue sur le divan-lit placé au milieu de la pièce.

Le sacrifice durait deux heures, puis la gouine recevait vingt francs d’épingles et était congédiée.

La duchesse se mettait au bain, se rhabillait et partait.

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