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bille avec leur propriétaire pour leur loyer, qu’elle grisait de visions de luxe et d’appétence.

— Venez à notre agence, disait-elle, nous vous ferons entrer à la Scala, aux Bouffes-Parisiens ou aux Folies-Dramatiques. Vous avez un beau corps, vous êtes jolie, vous avez de la voix ; il y a tant de grues qui y sont engagées et qui ne vous valent pas. Nous avons justement sous la main un vieux qui vous paiera vos costumes et vous subventionnera. Seulement, il faudra être gentille. Vous savez, les hommes ont de si drôles de goûts. Mais, bah ! toutes les femmes font cela aujourd’hui.

— Ça, jamais, je ne suis pas un tuyau d’orgue pour être cochonnée, répondait l’ouvrière qu’on ne prenait pas sans vert.

Mais la proxénète revenait à la charge ; elle avait guetté le moment du terme. On était sans pain, on attendait l’huissier pour être jetée à la rue.

— M… alors ! se disait la jeune fille. Je suis bien bête de rester honnête quand le monde est si canaille.

Elle allait à l’agence qui la livrait à un vieux cochon. Les proxénètes touchaient la prime et le tour était joué.

Quand elle revenait à l’agence pour l’engagement, Madame était sortie, Monsieur ne recevait pas.