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désignaient entre eux, avait-elle été empruntée au monde des barrières, ou était-il tombé de son aristocratique hauteur dans les bas-fonds des poteaux actuels ?

La première supposition me paraît la plus vraisemblable, car on a toujours remarqué les tendances des débauchés à s’encanailler et même à se crapuloser.

On cite, dans la chronique scandaleuse mondaine, le cas de la princesse d’A… qui s’échappait régulièrement chaque samedi soir de son hôtel pour aller courir en cheveux, mise comme une fille, les bouges infects des barrières, dont les relents, le langage et les gestes l’érotisaient violemment.

On la connaissait dans ce monde interlope sous le nom de Jeanne-belles-cuisses.

Elle y eut longtemps pour amant un lutteur forain qui la fessait et la polluait devant tous.

Elle se complaisait à exciter sa jalousie par des privautés de fille envers ses compagnons d’orgie, ravie de s’entendre qualifier des épithètes ordurières les plus dégradantes, et de recevoir les raclées de son amant.

Assouvie, elle s’échappait des guinguettes pour regagner Paris.

Beaucoup de poteaux de l’hôtel de la comtesse Julie avaient des goûts dépravés, mais il en était