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— Eh ! dis donc, l’enflé, avec ta tête de jocrisse, faut-il que je te colle mon poing sur la figure pour te faire voir clair ? s’écria-t-elle.

La belle Hollandaise était l’enfant gâtée des poteaux, tous s’empressèrent autour du comte et d’elle, croyant assister à une bonne petite scène.

— En a-t-il une tête d’idiot, cet animal-là ! s’était empressée d’ajouter la grande cocotte, pour corser son effet.

— C’est vrai, poteau Joyeuse, tu es un idiot, tu es un jocrisse, tu as une tête de croque-mort. Va t’asseoir, vociférèrent les poteaux.

— Et celui-ci avec sa gueule de cochon ! Regardez un peu ce type ! s’écria à son tour Mucha en désignant le marquis.

— Il a une tête de cochon, c’est un type, un sacré poteau, reprirent en chœur les clubistes avec cet entrain charivaresque qu’inspire l’ivresse joyeuse.

La Morphine avait compris l’intention des deux hétaïres.

Elle s’était redressée, comme un serpent sur sa queue, sifflant sa rage.

— Qu’on jette ces deux putains à la porte ! s’écria-t-elle.

Elle n’avait pas achevé ces paroles, que Mucha avait saisi une coupe pleine sur la table et lui en avait envoyé le contenu à la figure.