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Il éprouvait un effondrement de tout son être, un immense dégoût de lui-même.

Il pensa à sa femme, si belle, si pure : il pensa à son enfant que la mort guettait.

Ses idées s’éclaircissaient à mesure qu’il buvait ; l’ivresse ne venait pas.

Il tenta de se surexciter par le souvenir de la Morphine.

Elle lui parut hideuse, ignoble.

La courtisane le fixait de ses regards vipérins.

— Il faut qu’il tue le marquis. Je veux que ma vengeance porte le deuil et le déshonneur dans leur famille, se dit-elle.

Les yeux voilés du comte regardaient dans le vide.

Elle crut qu’il ruminait sa vengeance, et, pour la précipiter, elle risqua ses dernières pudeurs.

Elle s’étala nue sur le lit de festin.

— À celui qui me prendra… ! s’écria-t-elle, en envoyant un baiser de la main à de Joyeuse.

Ces paroles, ce geste, réveillèrent soudain la passion du comte.

Il s’élança, le couteau à la main, pour défendre la possession de la Morphine à son rival.

Le marquis avait vu le mouvement et s’était levé, les yeux hagards.

Micken s’était précipitée au-devant de Joyeuse, dont elle reçut le choc.