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la Morphine, et qui s’était bien promis, de concert avec Mucha, de chambarder la coquine.

Le comte de Joyeuse avait présidé aux libations.

Douze fois les coupes de champagne avaient été vidées et remplies à la gloire des déesses impudiques.

Escarboucles, les yeux brillaient de lueurs d’érotisme félin, l’irritation lubrique précipitait le sang à l’épiderme ; la raison s’embrumait de vapeurs sadiques.

L’éclairage baissa subitement, le rideau du fond de la salle glissa sur sa tringle.

Un groupe de chairs nues, radiosées par un foyer électrique, s’offrit aux regards charmés des convives.

Les chairs s’animèrent, vibrèrent, se tordirent en spasmes symboliques.

L’orgie allait croissante avec la passion que les libations répétées, la vision charnelle et l’érotisme intime des convives surexcitaient.

Le prêtre de Pan leva sa verge sacerdotale, signal des préludes aux mystères des Lupercales.

Rien de lugubre pour un invité d’orgie, qui n’est pas entraîné, comme le spectacle de la dégradation humaine de ses compagnons.

Vainement, de Joyeuse cherchait à se mettre à l’unisson en vidant coupe sur coupe ; au lieu de s’obscurcir, la vigueur cérébrale lui revenait.