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On la connut bientôt sous le nom de la Morphine, traînant tout Paris viveur à son char, tentatrice, éblouissante de luxe et d’impudeur.

Elle était brune de cheveux et de poils.

Son teint mat, délicatement rosé, contrastait étrangement avec ses grands yeux noirs révélant, malgré la contention de sa volonté, la fourberie de son âme damnée. Elle avait la bouche sensuelle, dont les commissures des lèvres se fondaient dans un sourire provocant, d’une prévenance hypnotisante. Ses dents nacrées, ses mignonnes oreilles ajoutaient encore à sa beauté du diable.

Sans être grande, elle avait une taille qu’avantageait cette richesse de formes des filles de la Grèce, qui s’épanouissent, dès la prime jeunesse, sous un ciel d’azur, un soleil d’or.

Elle s’était donnée au baron Locule, le financier milliardaire, comme sauvegarde et comme pivot de ses machinations diaboliques.

Elle avait à son service son premier amant, l’assassin de son premier mari, qu’elle tenait sous le joug et auquel elle se livrait encore quelquefois pour l’entraîner au crime prémédité dans sa pensée ; brute du rut, qui rugissait parfois à sa chaîne et que le fouet cinglant du rappel de ses infamies faisait taire ; véritable gitano, sans foi ni loi, fait pour le vol et l’assassinat, répondant au nom de Melchior. Le conseil aussi de l’impure.