— Ne me blague pas. Tu as deviné, c’est une expérience anima vili.
— Va l’attendre dans le cabinet de garde. Je vais te l’envoyer ; tu t’arrangeras avec elle.
Quelques jours après, M… vint retrouver son ami.
— Maintenant, tu vas me guérir, lui dit-il.
— C’est entendu… Es-tu satisfait ?
— Oui et non, cela ne va pas.
— Je comprends cela : tu es malade.
— Ce n’est pas cela, mais je crois que j’ai commis un crime.
L’interne pâlit.
— Voyons, dit-il, tu n’as pas abusé de ma confiance, de mon amitié ?
— Non, rassure-toi, il s’agit d’une affaire qui ne regarde que moi.
— Tant mieux pour moi… Mais je vois que tu as le teint plombé ; il est temps d’agir.
— Je me suis déjà médicamenté. Pour le reste, fais-moi une ordonnance énergique.
Voici l’explication de cette scène, je la tiens de M… lui-même, dont j’avais fait la connaissance à un banquet de baptême.
M… était fils unique d’une bonne famille bourgeoise qui vivait honorablement de ses rentes. À sa sortie de l’université, il s’était lancé dans la vie joyeuse au lieu de s’appliquer à se faire une posi-