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dire que Paris n’est pas éclairé… le soir, s’entend. Pendant le jour… mon Dieu ! le soleil luit pour tout le monde.

Cependant, il faut tenir compte d’un élément à qui Paris doit peut-être d’être appelée la Ville-Lumière, car il éclaire singulièrement la situation.

Je veux parler du chauffeur ; le personnage le plus encombrant, celui qui se fait partout place à force de pompe, d’impudence et de cynisme.

Il n’est nullement question ici du bipède, moitié ours, moitié pompier…, poussant au volant une mécanique qui infecte les boulevards, et qui, soit dit en passant, ne chauffe rien du tout.

Le véritable chauffeur ne se recommande que des dames ; il est toujours élégant, luisant, pommadé.

Il y a aussi à Paris quinze mille de ces individus, venus de tous les points du globe, ne possédant ni propriété ni titre de rente, sans un sou vaillant légitimement acquis, ne faisant œuvre de leurs dix doigts, et qui cependant vivent sur le pied de cinquante mille francs de revenus, sont de toutes les fêtes mondaines, encombrent les champs de courses, se pavanent aux balcons des théâtres, sont inscrits à tous les clubs et donnent le ton à la fashion. On les connaît partout : à Nice, à Monte-Carlo, à Monaco, à Trouville, etc.

Ce sont des rastas évidemment, mais si bien embusqués dans leur position, qu’on les confond avec les hommes du monde.