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Elles se découvrent alors les misérables, en leurs crachements reptiliens, la moussure de leur bave et leurs exhalaisons de rage, jouant du revolver et du vitriol avec une virtuosité de furie.

La femme qui a réellement aimé un homme ne le maudit jamais, fût-il le dernier des gredins.

Il n’y a que les pasticheuses de l’amour qui se montrent théâtrales en leur défaite. Mlle de la Vallière, oubliée, ensevelit ses tendresses, toujours vivantes, dans le cloître, ne cessant d’adresser au ciel ses plus ferventes prières pour son Louis bien-aimé, tandis que la Mancini et la Montespan, les deux ambitieuses intrigantes qui visaient à la couronne, ne cessèrent de comploter contre leur royal amant, quand elles se virent déchues des honneurs dont leur corps était le prix.

On aime encore à se rappeler la douce figure d’Agnès Sorel, qui sacrifia sa jeunesse et sa beauté au malheureux Charles VII, rien que parce qu’il était malheureux ; se laissant publiquement frapper par le fils de l’homme qu’elle tentait d’arracher à la folie, et allant mourir à ses pieds à l’abbaye de Jumièges, en esclave résignée et toujours aimante ; et celle non moins charmante de Marie Leczinska, qui, pendant quarante-trois ans, souffrit sans se plaindre toutes les injures dont une femme puisse être accablée et expirait le pardon aux lèvres.

Que les théâtreuses de l’amour ne s’illusionnent