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— Alors qui va m’payer ma courche ? ch’est vingt chous.

— Tenez, voilà deux francs. Donnez-moi votre lettre ; je suis son notaire.

La lettre, qui n’était pas mince, comme avait dit l’Auvergnat, contenait vingt actions de la Ville de Paris, qu’un cordonnier marlou de la bonne, qui les lui avait remises en dépôt, retournait à leur propriétaire en l’informant des débordements de la Bretonne.

Le notaire comprit que le recéleur se vengeait pour une raison ou une autre de sa marmite, et avisa le Parquet.

Des perquisitions habiles provoquées par des investigations, faites dans le quartier où tous les boutiquiers connaissaient les turpitudes de la bonne-maîtresse, firent découvrir cinq autres marlous, tous cordonniers, en possession de cent cinquante mille francs en actions, de la collection de bijoux et d’un capharnaum d’objets d’ameublement que la fille leur avait confiés.

À l’instruction, conseillée par un avocat roublard, de ces jolis messieurs qui ont juré de ne défendre que des causes justes et qui ne vivent que de fripouilleries, il fut impossible d’en tirer autre chose que :

— C’est Monsieur qui me les a donnés, j’étais sa maîtresse.

Mais la cruche était cassée ; elle fut condamnée.