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Les maîtresses servantes sont plus canailles, plus cupides et combien plus rouées, plus dangereuses.

Le peintre B…, octogénaire assez dépravé, avait pour bonne une Bretonne, dont il avait fait sa maîtresse, et qui augmentait encore ses gages en se livrant à la prostitution.

Des amis communs tentèrent d’éclairer le vieillard sur la conduite de la Bretonne et sur les dangers qu’il courait.

Il ne voulut rien entendre, se brouilla avec eux, en les accusant de calomnie.

À sa mort, ses héritiers, des neveux, qui n’avaient été prévenus de la maladie de l’oncle que par la lettre de faire part d’enterrement ; ne trouvèrent que cent mille francs en actions au lieu de trois cent mille qu’accusaient ses revenus, et plus un seul objet de la magnifique collection de bijoux anciens qu’il avait rassemblés.

Le lever des scellés et l’inventaire avaient été faits devant eux par le juge de paix et le notaire, lorsqu’un commissionnaire se présenta demandant à parler « à Mouchieu B… ».

— Il est absent, répondit le notaire jovial.

— Cha n’fait rien, ch’attendrai.

— Que lui voulez-vous ?

— Ch’ai une lettre qui n’est pas minche à lui remettre, parlant à cha personne.

— Ce sera fort difficile, car il est mort.

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