Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 193 —

Les plus infâmes sont les mères, de vraies mères, qui venaient offrir leurs filles, des enfants de douze à seize ans, à la Louchard pour servir aux plaisirs de la crapule en redingote et en gants.

C’était chez l’une d’elles, associée anonyme, dans un appartement du boulevard de Strasbourg, que la maquerelle tenait ces assises et livrait la chair fraîche aux appétits ignobles de misérables gâteux, bavant sur ces seins d’anges.

Cette corruption amuse les enfants qu’on bourre de friandises. Quand ils se plaignent, la mère qui attend dans l’antichambre accourt et dit que c’est le médecin qui veut cela, que c’est pour leur bien : c’est pourquoi la symphonie de la correctionnelle est plutôt muette.

Cependant, un jour, la maquerelle fit un impair. Elle avait commissionné une gouine, qui servait d’indicatrice à la Sûreté, comme intermédiaire. Nantie de renseignements probants et de preuves irréfutables, elle la dénonça. La maison du boulevard de Strasbourg fut un beau soir cernée par la police, qui y trouva huit enfants de moins de quinze ans avec leurs mères et onze satyres appartenant au monde des classes dirigeantes.

L’affaire fut étouffée par ordre. Périsse la France dans ses enfants plutôt que de voir la racaille en habit noir au pilori !