Trois mois après, le propriétaire de la délaissée lui fit vendre ses meubles.
Modeste réfléchit et se dit que la vie n’était pas toujours drôle, et qu’il valait mieux tenir que courir.
Convaincue de la sagesse du proverbe, elle combina les moyens de s’assurer d’un imbécile, qui lui fournirait le pain quotidien et la protection maritale.
Elle trouva le mâle rêvé en M. Adolphe Louchard, propriétaire, employé au Ministère de l’Instruction publique à ses moments perdus, qui, l’ayant rencontrée aux Tuileries, la trinqueballa dans les fourrés du bois de Boulogne et lui paya à dîner à la Cascade.
Neuf mois après, ne voyant pas pointer l’écharpe de M. le maire, elle porta à M. Adolphe Louchard, occupé à son bureau à passer ses manches de lustrine, un poupon né de la semaine, qu’elle avait emprunté à une voisine.
Ce fut le coup de foudre. L’employé de l’administration, confus, troublé, lui dit :
— Cache vite ça, je le reconnais. Nous nous arrangerons ce soir à la Truie qui file.
L’affaire fut en effet arrangée.
La nuit que Modeste Moulaballe devint par répétition Mme Louchard, elle apprit à son mari que l’enfant, dont il avait payé les mois de nourrice