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Le fonds de son industrie turpide est un immeuble d’aspect bourgeois, dont elle est la locataire principale, la concierge et la gérante. Elle loue en meublé et à compte ouvert à ses pensionnaires.

Pour être reçue, il faut être recommandée, soit par une marchande à la toilette, habituelle racoleuse des lupanars où elle écoule ses chiffons, soit par l’alphonse de la maquerelle, qui tient les pensionnaires sous sa coupe, et, ensuite, faire preuve d’aptitudes galantes.

Ces proxénètes ont une clientèle attitrée, difficile sur l’article, qui exige pour ses plaisirs somptuaires des sujets de choix, d’une éducation pornographique parachevée.

Les ordres arrivent et sont aussitôt inscrits au journal avec le prix de location du sujet, qui en perçoit ordinairement la moitié. Le surplus est retenu par la tenancière à titre de commission.

En attendant de marcher, les filles de piquet voisinent, musent, potinent, en belles nonnes des couvents d’amour.

C’est au salon que la mère communique les ordres. Toutes alors dégringolent de leur perchoir, vêtues ou non, en piaulant :

— Bonjour, maman. Quelle nouvelle aujourd’hui ?

— Quel teint frais vous avez ! Pour sûr, monsieur Jules a découché !